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Malim, c’est une histoire qui
Malim, c’est le travail colossal qu’entreprend Joël Bescond pour essayer de comprendre et donner un sens à l’attentat dans lequel son frère Jean Paul, médecin humanitaire au Soudan perd la vie en 1989.
Malim, c’est tout un travail d’écriture qui transforme l’absence de ce frère ravagée de questions restées sans réponses en une présence renouvelée à chaque page …
Mais Malim, c’est aussi tous ces mots délicats et choisis, prélevés dans les écrits de Jean-Paul qui semblent tracer la voie de la longue enquête à laquelle s’est livré Joël :
« Il faut exploiter le doute. Ne pas lâcher prise tant que tu n’as pas le sentiment que le résultat a atteint sa maturité, sa plénitude. Le doute aboutit à la réalisation de choses pleines, sans ambiguïtés. »
On est, en effet convaincus, à la lecture de ce livre que les liens fraternels même s’ils n’ont pas réussi à lever tous les doutes ont su tisser un bel ouvrage réparateur en hommage à celui qui, juste avant de disparaître, a sauvé Malim.
« Malim, une histoire française
http://regismarzin.blogspot.com/2023/08/malim-une-histoire-francaise-de-joel.html
Régis Marzin, 4 août 2023
Le 21 décembre 1989, mourraient au Soudan quatre membres de Médecins Sans Frontières, dont trois Français, dans un attentat. A Aweil, à la limite de ce qui deviendra le Sud Soudan, leur avion était victime au décollage d’un missile provenant d’un point proche de la piste de l’aéroport, donc de la zone maîtrisée par l’armée soudanaise. Les victimes sont Yvon Feliot, le pilote, Laurent Fernet, un logisticien de MSF, Jean-Paul Bescond, docteur, et Frazer Ariyaba, un technicien soudanais du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM). Même si le pouvoir soudanais accuse les rebelles du SPLA (Sudan People’s Liberation Army) de John Garang, en toute vraisemblance, le missile a été lancé par des militaires soudanais, quelques mois après le coup d’état qui a placé El Beshir au pouvoir.
Depuis ce jour, le frère de Jean-Paul Bescond, Joël, a recherché la vérité et la justice sur l’attentat. Il a écrit un livre, « Malim, une histoire française », sur l’affaire et la manière dont elle a bouleversé sa vie. Les lettres écrites par Jean-Paul Bescond pendant ses quelques semaines d’action humanitaire, de très belles lettres, révèlent une personnalité intéressante.
Il est question de 2000 personnes travaillant pour MSF au Soudan en 1989, face à la guerre et à la famine provoquée au Sud du Soudan au moment de la guerre d’indépendance du SPLA. MSF quitte rapidement le Soudan après l’attentat. Le livre apporte un témoignage utile sur le fonctionnement des ‘French doctors’ en période de conflit. Il est alors autant question de nourrir les populations que de les soigner.
Aucune plainte en justice n’est portée avant 2009. L’Elysée fait comprendre en 1990 qu’il n’est pas favorable à une plainte en justice. Bernard Kouchner, secrétaire d’État à l’Action humanitaire entre 1988 et 1991 se montre apparemment assez vite indifférent. MSF ne parle pas de plainte. En 2007, alors qu’étrangement, l’hypothèse d’une implication du SPLA refait surface, alors que cette hypothèse ne semble pas se baser sur des éléments sérieux, le besoin de vérité pousse la famille Bescond à porter plainte à Paris.
Le livre replace les événements dans le contexte géopolitique de l’époque. Les histoires du Soudan, du Tchad et de la Libye sont alors très intriquées. En 1989, au Darfour, Idriss Déby se prépare à lancer une offensive vers Ndjaména contre Hissène Habré en 1990. Il est soutenu dans ce projet par la DGSE. La coopération entre la France et le Soudan ne s’arrête pas avec l’attentat.
Même si le livre nous éclaire sur de nombreux points, l’histoire complète de cette affaire de terrorisme reste encore à écrire. En 2023, le Soudan se retrouve de nouveau en guerre civile et MSF se trouve de nouveau ou toujours sur le terrain.
Régis Marzin, 4 août 2023
Le 21 décembre 1989
Douleur, colère, rage contre les auteurs du drame, l’indifférence et l’impunité qui ont suivi, animent l’auteur qui, avide de savoir, nous plonge dans l’Histoire du Soudan et de ses relations avec ses voisins le Tchad et la Libye, dans un univers loin de notre monde occidental, et nous entraîne dans sa quête d’une vérité jusque-là cadenassée.
Il nous livre ainsi, d’une écriture fine et aisée, le récit de cette recherche, rigoureuse, abondamment fouillée et documentée, qu’il émaille d’anecdotes, de scènes d’un passé familial sans histoire, de galeries de portraits où transparaît l’amour des siens, l’attrait de paysages magnifiquement décrits de son enfance, souvenirs emplis de tendresse où perce la douleur d’une absence, la nostalgie d’un temps révolu.
Cette enquête, comme toute enquête, emprunte des chemins divers, ceux-ci parfois longs et tortueux mais riches d’enseignements, et explore avec minutie les différents ressorts socio-économiques et politiques qui ont conduit à l’attentat.
L’auteur dévoile sans fard les traumatismes psychologiques, directs ou indirects et l’impact parfois tragique sur la vie de ses proches, infligés par un tel drame, sa lutte pour s’en sortir et dénonce avec courage les rouages de l’impunité.
Ce livre émouvant, en libérant la parole, tente peut-être d’apaiser une douleur jamais éteinte de la perte d’un frère et de ses conséquences.
Malim, un livre très actuel, profond, qui invite à réfléchir.
Louise
A travers une écriture fluide,
Par moments perdu, le lecteur pourrait avoir la tentation de laisser tomber, face à cette pétaudière africaine, mais JB tient la promesse de continuer à nous emmener, sans qu’on s’en doute, dans les méandres tragiques de cette histoire contemporaine, où nous vivons avec lui les errances et les découragements d’une famille meurtrie.
Peu à peu, ces moments d’abattement cèdent le pas à un voyage en « absurdie » où l’important est de continuer d’avancer afin de ne pas sombrer, et nous versons alors dans un thriller feutré des arcanes de la géopolitique intercontinentale de la FranceAfrique, au temps de la propagande d’Etat et bien avant le temps actuel des fake-news industrielles géopolitiques. JB réussit le tour de force de nous faire vivre également de l’intérieur, le désarroi et l’incompréhension d’une famille dont l’un des membres a été victime d’un attentat, semble-il gratuit, avec ses victimes collatérales. Et, ôh miracle, alors que l’on ne s’y attend pas, se révèle la résilience de l’un de ses membres. Un beau récit, nécessaire, qui montre-une fois n’est pas coutume-que la parole libérée, ne vient pas forcément des historiens. TREFLE 92
Malim est tout d’abord déroutant
L’auteur passe du récit de l’annonce de l’attentat qui a emporté son frère une veille de Noël à la description des clans politiques du Soudan et des États voisins, des souvenirs d’enfance au droit international, du fonctionnement d’une mission humanitaire à une pièce de théâtre sur la guerre, du discours de l’administration aux poèmes de Jean-Paul, etc.
Mais très vite, on comprend que le livre est construit comme un réseau hydrographique : chaque flux d’information, qu’il provienne des membres de MSF, des autorités françaises et internationales, de la famille, de la documentation disponible ou d’autres associations, se déverse dans un autre flux qu’il alimente avant de se connecter à un troisième. Ce réseau donne, au fil du livre, une cohésion à tout un territoire d’enquête jusqu’à la compréhension de ce qui s’est passé ce jour de décembre 1989. Compréhension, donc, mais aussi, et surtout, comme le précise Joël, soulagement d’avoir fait ce qui pouvait et devait être fait pour ne plus porter seul la responsabilité de dire « on ne peut rien faire », une réponse trop entendue.
Malim est impressionnant quand on voit restituées ainsi, avec précision et persévérance, vingt-cinq années de quête extérieure et intérieure que Joël a consacrée à la mémoire de son frère disparu.
Une écriture exemplaire, sincère, authentique dans le témoignage.
Un livre émouvant pour toutes les victimes d’attentat, une leçon d’investigation pour plus d’un journaliste, une parole libre adressée aux politiques.
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