Paraître donne à voir l’apparence. Soigneusement façonné, le reflet de la réalité se compose d’ombres et de lumières, souligne les traits choisis et dissimule ce qui doit être caché. Paraître fabrique un masque et l’image qui se montre, parée d’artifices, choisit  ce qui doit être vu pour mieux dissimuler ce qui ne doit pas apparaître. Mais avec le temps, l’habit d’ornement craque, le voile de clair-obscur se lève sur la falsification. Apparaît la face cachée du travestissement, du faux-semblant, de la duperie, de la manipulation, et en miroir l’assujettissement des dupés.

Il faut alors rendre à César ce qui est à César. L’esclave se lève, rassemble ses forces et marche sur Rome. Le combat ne manquera pas d’être inégal mais si Spartacus sera crucifié par la République, le colonel Arnaubec sera relaxé. L’auteur du livre sur l’opération Manta a comparu devant la justice en 1987 : Paraître donne aussi à comparaître. Son témoignage servira cependant l’histoire en faisant connaître au public les atermoiements de la présence française au Tchad sous la législature des socialistes.

Le tribunal de l’histoire n’est pas une juridiction. Il appartient à la conscience universelle. Et pour qu’elle s’écrive, il a besoin qu’apparaissent les documents, les témoignages. Sur le continent dévasté, ils sont alors appelés à comparaître. Un examen détaillé doit avoir lieu. L’avenir est à construire et doit pouvoir s’ouvrir sur un possible. La parole doit pouvoir circuler. Il faut dresser la liste, restituer les événements.

« L’écriture de cette Histoire est un immense chantier, un travail colossal, qu’il nous faut écrire ensemble. »

Malim Une histoire française Chapitre Cinq années d’écriture.

Pour que la voix des témoins puisse s’élever et dire, avec le poète

« Mais alors si mon âme, Ami, vers toi se lève

Tout mon or se retrouve et tout mon deuil s’achève. »

Shakespeare. Sonnet 30. Quand je fais comparoir les images passées.