Je fus libéré de mes obligations envers la nation en octobre 1987. Monique et moi avions évoqués la possibilité de nous installer sur les bords de Loire, entre Angers et Nantes, ou peut-être Saumur : un cabinet de kinésithérapie y cherchait un collaborateur. Monique travaillait déjà depuis un an à Liévin, Pas-de-Calais, et ne souhaita pas s’éloigner de sa région d’origine. Je fis des remplacements à la Société de secours minière de Bully-Grenay, puis au centre de rééducation l’Espoir à Hellemmes, près de Lille. Nous resterons dans le Nord.

En 1988, j’intègre un cabinet de groupe à Wattignies, dans la banlieue lilloise. Monique et moi décidons de nous marier. Le mariage civil a lieu le 28 novembre à la mairie de Dunkerque et la cérémonie religieuse est célébrée le 1er avril 1989 par le père Jean Boutry à l’église Saint-Jean-Baptiste.

Monique est ergothérapeute. Je l’ai connue à l’école de Berck. Elle est tout comme moi le dernier enfant de sa fratrie. Sans doute cette position de dernier-né nous a-t-elle rapprochés. Son père est à la retraite. Il a été électricien sur les bateaux, au port de Dunkerque. Lors de mon mariage, la mer et les bateaux n’ont pas manqué d’intéresser mon père. Le port également. Les grandes installations industrielles, les infrastructures, le trafic et l’histoire portuaires sur les côtes de la mer du Nord rappellent les activités d’un autre port, plus à l’ouest, sur l’Atlantique. Mon père, quant à lui, après différentes missions d’intérim comme dessinateur ou ajusteur, a été dispensé par les ASSEDIC de la recherche d’emploi et finalise son dossier de demande de retraite. Ma mère, après avoir repris un travail de veilleuse de nuit en maison de retraite et connu une période de maladie, se prépare également à la retraite.

La vie sera maintenant plus tranquille, mon père pourra finir l’aménagement de sa maison, s’occuper du jardin, terminer son atelier. Il y poursuivra l’entretien de ses voitures et sa passion de toujours, la mécanique. Il a maintenant installé un treuil au-dessus de la fosse d’inspection pour lui permettre de sortir les moteurs avec moins d’efforts. Les enfants étant tous désormais autonomes, mes parents pourront prendre un peu de temps pour eux, le temps de vivre.

Jean-Paul est mon témoin de mariage. Il est venu avec Pascale. Il a connu son amie, une connaissance de ma sœur Nicole, lorsqu’elle habitait rue Duportal, à Tours. Pascale était au conservatoire en classe de piano et Nicole à la fac de musicologie. Je me souviens de mon frère lorsqu’il est entré dans l’église. L’architecture moderne de l’édifice, en forme de proue d’un bateau, ses structures de charpente en bois à la fois imposantes et élancées l’inspiraient. C’était, pour Jean-Paul l’évocation de l’arche de Noé. Mon frère imaginait une scène où tous les animaux de la terre choisis pour être sauvés du déluge seraient invités à entrer avec nous dans l’église. Jean-Paul, où qu’il soit, avait de ces traits d’esprit spontanés toujours un peu originaux.