Claude Silberzahn a été nommé le 23 mars 1989 à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure, soit quatre jours avant la formation du gouvernement du 27 mars à Khartoum et une semaine avant l’ « action du 1er avril » d’Idriss Déby à N’Djamena. C’est un civil formé à l’Ecole nationale d’administration de la France d’outre mer, l’ENFOM, promotion 1956. Il a suivit la carrière prefectorale après les indépendances des colonies et est nommé Directeur de la DGSE, écrit-il en 1995 dans son livre Au coeur du secret. Sa nomination visait, dit-il, et selon la mission confiée par Mitterrand, à « civiliser » le service gravement mise à mal à la suite de l’affaire du Rainbow Warrior qui avait provoqué la démission de Charles Hernu, ministre de la Défense. Claude Silberzahn nous apporte quelques élements de description des négociations de Pré-Bois, domaine de Djilali Mehri, à Orgerus, dans les Yvelines, qui aboutiront à la signature du compromis d’Alger. Des précisions sont données, notamment, et bien évidemment, la présence des agents de la DGSE.
Le déroulé de ces négociations est donné dans le livre d’Allam-Mi, Autour du Tchad en guerre, le parcours de Mehri y est décrit également, ainsi que les négociations des différents points de l’accord notamment les modalités d’un éventuel recours à la CIJ qui conduisent Merhi à se rendre en avion spécial à Syrte « pour obtenir du colonel Kadhafi son acceptation sur cette disposition de l’accord. » Allam-Mi, qui a été l’un des membres de la délégation tchadienne à Pré-Bois, nomme les négociateurs libyens. Il s’agit de l’ambassadeur Houdeiri, ambassadeur de la Libye à Paris et du colonel Radwan, ex-commandant des troupes libyennes au Tchad.
Claude Silberzahn décrit Houdeiri et Radwan comme étant des « représentants personnels » de Kadhafi. Cette description est partiale. Le compromis d’Alger engagera les deux Etats, certes, mais Houdeiri et Radwan ne sont pas les représentants personnels de Kadhafi. L’expression suggère une relation proche des négociateurs de Kadhafi. Ce qui n’est pas le cas. Houdeiri et Radwan sont bien connus et ne sont pas des hommes de l’ombre. L’expression oriente la réflexion du lecteur et le soustrait à un examen serein et objectif des relations franco-libyennes en ce début de deuxième septennat. Le Guide libyen a un message clair a faire passer au chef de l’Etat français. Il ne signera pas l’accord cadre. Il sera signé le 31 août 1989 à Alger par le Secrétaire aux liaisons extérieures Djadallah Azzouz, c’est à dire le ministre libyen des Affaires extérieures. Le message sera adressé 19 jours après par l’explosion en vol du DC 10 au-dessus du désert du Ténéré.