Marcel Laugel est envoyé le 19 avril 1991 au Kurdistan irakien. Sa mission est de coordonner les agences humanitaires onusiennes et non gouvernementales qui protègent le retour des réfugiés kurdes irakiens vers leurs villes d’origine après la guerre civile qui a suivie la défaite de Sadam Hussein au Koweit. Elle est décrite dans son livre Sur le vif. Dépêches oubliées. Je la rappelle dans Malim Une histoire française à la page 681.
« Le 19 avril 1991, un communiqué du ministère des Affaires étrangères français annonce la formation d’une mission de coordination et d’assistance humanitaire. Elle doit assurer la liaison permanente avec les représentants sur le terrain des agences de l’ONU, les états-majors des pays intervenant dans l’opération et les populations kurdes. Elle est dirigée par Marcel Laugel. Le diplomate se rend à Zakho le 20 avril.
L’armée irakienne a quitté la ville, laissant la place aux soldats américains. La mission de Laugel s’installe à Zakho évacuée par Saddam Hussein. Les unités étasuniennes se sont établies dans la vallée et plantent les premières tentes destinées aux réfugiés à la périphérie de la ville.
Marcel Laugel apportera en 2008 son témoignage sur cette mission au Kurdistan irakien, une «expérience marginale et unique pour un diplomate». Nommé «à la suite d’une décision de M. Bernard Kouchner», il évoque les rapports quotidiens à son administration de tutelle, les relations avec la foule des réfugiés kurdes, les peshmergas, les militaires étasuniens. L’armée de Saddam Hussein a quitté la ville mais les miliciens craignent sa police secrète, toujours présente. Marcel Laugel racontera les garanties internationales, comment la ville
sera reconnue sûre, et la confiance demandée à la société kurde, qui n’a jamais pensé à recourir au terrorisme pour faire valoir sa cause, son code de l’honneur interdisant «qu’une cause juste soit entachée par l’usage de moyens que la morale réprouve.» Il évoquera le retour des réfugiés de ce peuple qui n’était pas séparatiste. Les Kurdes n’avaient pas de revendication d’indépendance, ils
ne demandaient que la reconnaissance de leur identité et de leur autonomie à l’intérieur de l’Irak. La mission de Marcel Laugel durera deux mois. »