À Tripoli, Kadhafi fait les comptes de son engagement dans le conflit tchadien. En cette année 1987, il a perdu plus de 8 000 soldats, environ 500 blindés et 80 aéronefs ont été détruits ou capturés par les Tchadiens. Les cours du pétrole se sont effondrés et près de deux milliards de dollars ont disparu dans le désert tchadien. Alors que les redoutables missiles américains Stinger sont attendus à Ndjamena, Moscou se montre réticent pour renouveler le matériel militaire libyen et n’affiche qu’un soutien diplomatique de pure forme. Tripoli devient de plus en plus isolé. Ses soutiens se font rares et discrets. Le capitaine Sankara, président du Burkina Faso, a conseillé à Kadhafi d’accepter le cessez-le-feu demandé par l’OUA. Museveni, le président de l’Ouganda, le pousse à consentir à la trêve et le président algérien Chadli a dépêché à Tripoli le numéro 2 du FLN, Mohamed Cherif Messaasia, afin de le convaincre de se résoudre au cessez-le-feu demandé.

Le 11 septembre la Libye annonce qu’elle suspend ses « raids punitifs en territoire tchadien ». Tripoli, selon la radio libyenne, espère que son initiative « mettra fin aux souffrances des Tchadiens, aidera à la recherche d’une solution sous l’égide de l’OUA » et marquera « la fin des complots impérialistes contre le continent africain, qui poussent les Tchadiens aux massacres collectifs et à la destruction »[1].


 [1] Le Monde. 12 septembre 1987.